Extrait du journal de Jonas, 37 may 2133 AG
"Nous avions pris le bateau depuis quelques semaines désormais, et les quarts de vigie se succédaient entre eux, aussi morne que l'horizon vaporeux qui s'étendait devant nous. Pensez donc, le soleil tentait de percer la croûte humide qui se formait sur ces contrées maritimes, et tout ce que nous récoltions, c'était une brume crayeuse flottant sur des eaux maussades, parfois fendue d'un rayon solaire arborant son bout de ciel bleu.
Mais la mer, elle, restait grise.
Ce matin-là, c'était à mon tour de grimper les vingt deux mètres de cordage pour rigoler avec les mouettes. En quelques minutes, je devenais le point culminant d'un monde terriblement plat, où les collines sont des vagues et les creux des vallées. Et cet univers en miniature mais immense se dessinait sous mes yeux, contours de frontières et de géographie changeante. Je ne savais plus où me situer sur cette carte mouvante, les combes de varech se mélangeaient aux estuaires mousseux qui se confondaient aux synclinales d'écumes. Il ne faisait pas plus frais que d'habitude, mais le vent qui portait mes amis volatiles à quelques mètres en profitait pour s'immiscer dans mon chandail, à l'intérieur des manches, dans mon pantalon. Je crois bien avoir eu froid.
La première chose que je vis enfin, découpé en ombre chinoise sur la côte comme un vieux souvenir d'enfance diffus, furent les maisons et immeubles. Quelle ne fut pas ma surprise !
Je pris quelques secondes avant de hurler "TERRE TERRE" à tous les matelots entassés dans l'apathie depuis trop longtemps. Je descendais le plus rapidement possible, m'élançant dans la grande voile comme on se lance dans un nuage, quelques secondes plus tard je me réceptionnais sur mes godasses pleines d'entrain et je cherchais déjà du regard mon capitaine.
Le voyant s'atteler à donner quelques ordres plein d'humeurs, je me rapprochais, un peu méfiant.
- Monsieur, Monsieur, je crois que nous avons fait fausse route !
- Que me dis tu là, n'as-tu pas hurler "TERRE" tantôt ? Aurais-tu des visions à cause de la pipe à fumer ?
- Non Monsieur, mais je pense que nous somme revenu à Touloush, les bâtiments sont de briques et les gens sont dehors bras nus !
Le capitaine éclata d'un rire qui éclipsa pour un temps le piaillement des mouettes, pourtant de plus en plus nombreuses.
- Moussaillon, tu illumines ma journée ! Ce que tu vois là, ces briques roses et ces gens qui parlent joyeusement - si tu regardes bien avec ma longue vue, vas-y, prend là, tu verras qu'ils boivent tous un curieux breuvage qu'ils appellent beire - et bien tout ça, c'est pas Touloush, c'est l'Ile du Nord !
Mon gosier se mit à frétiller."
30 poses
La patience du marchand
La patience du chauffeur
Brouhaha musical
Le Divine Enfant est né dans une usine à charbon
Parole de mur rouge
Souvenir du futur
L'homme invisible était trop torché
Dans tes yeux
Stratification
La femme du patissier
La patience de ceux qui patientent
In da Kanal
Elle l'appelle...
Picon + Ricard =
La ligne rouge
Bierier (variété Duff)
Déboulonneurs
… il répond
Mur de cartons
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Si loin si près / 2
Si loin si près / 2
Si loin si près / 3
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Poses intempestives
Fermer le labyrinthe
Déboulonneurs ?
Bâtis
La solitude de la parabole
Marcher dans l'ombre de ses cheveux
La diagonale du Fou (sic)
Marcher dans l'ombre des arbres
// 71ème pellicule : L'ile du nord
Reviewed by Talion'h Kaärd : photographies et romans SFFF
on
12:55
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Je sais qu'il y a quelques problème de flou par ci par là (Elle l'appelle…), il y avait tellement de brume que mes yeux pleuraient ...
RépondreSupprimermon favorite : poses intempestives, avec son cadre qui suggère la contour d'une femme, encore trop présente dans son absence
RépondreSupprimermerci M ! Pour la petite histoire, la première photo d'une pellicule est souvent "jeté", du coup je joue sur le hasard et déclenche à hauteur de rein, pif
SupprimerPerso, j'aime bien le "quasi" triptyque "Si loin si près" ça faisait longtemps que tu ne bossais plus les textures ;) bref, moi j'y vois des trucs qui me plaisent...
RépondreSupprimerPs : Picon/Picard ..du coup je me suis demandé si du Picon en glace pouvait être mangeable :p ??
D'ailleurs, je crois que je vais réintituler cette photo en :
SupprimerPicon + Ricard =
Vous êtes très fort monsieur Hugues, votre titre valorisent à la perfection la puissance de tes images du quotidien. Bravo cher ami. Fee
RépondreSupprimerMerci Fée, j'ai toujours un conte sous le bras pour folette !
SupprimerPour ma part j'aime bien la géométrie de "la diagonale du Fou", la pureté de ses lignes et le beau contraste des couleurs. Une image pleine de symboles aussi entre la vie des grands ensembles et le vide du ciel.
RépondreSupprimerMerci DeltaFox ;) "La diagonale du fou", j'aime bien en faire quelques une et je commence à en avoir une petite quantité étrange !
Supprimer"Bâtis", "La solitude.." et "La diagonale..." sont mes préférées. Bien joué m'sieur
RépondreSupprimerCe sont mes premiers amours... les lieux d'habitats...
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